Balian d’Ibelin livrant la ville de Jérusalem à Saladin, tiré de Les Passages faits Outremer par les Français contre les Turcs et autres Sarrasins et Maures outremarins, vers. 1490

Sur ordre de Balian, les croisés livrent la ville à l’armée de Saladin le 2 octobre. La prise de contrôle de la ville fut relativement pacifique surtout en contraste avec le siège de la ville par les croisés en 1099. Balian a payé 30 000 dinars pour libérer 7 000 des personnes incapables de payer du trésor de la ville. La grande croix chrétienne en or qui avait été placée sur le Dôme du Rocher par les Croisés a été abattue et tous les prisonniers de guerre musulmans capturés par les Croisés ont été libérés par Saladin. Selon le savant et historien kurde Baha ad-Din ibn Shaddad, ils étaient près de 3 000. Saladin a permis à de nombreuses femmes nobles de la ville de partir sans payer de rançon. Par exemple, une reine byzantine menant une vie monastique dans la ville a été autorisée à quitter la ville avec sa suite et ses associés, tout comme Sibylla, la reine de Jérusalem et épouse du roi Guy capturé. Saladin lui accorde également un passage sûr pour rendre visite à son mari captif à Naplouse. Les chrétiens autochtones sont autorisés à rester dans la ville, tandis que ceux d’origine croisée sont autorisés à quitter Jérusalem pour d’autres terres avec leurs biens grâce à un passage sûr via Akko en payant une rançon de 10 dinars. Le frère de Saladin, Al-Adil, fut ému par ce spectacle et demanda à Saladin de lui en donner 1 000 en récompense de ses services. Saladin exauça son souhait et Al-Adil les libéra immédiatement. Héraclius, voyant cela, demanda à Saladin quelques esclaves à libérer. On lui en accorda 700 tandis que Balian en reçut 500 et tous furent libérés par eux. Toutes les personnes âgées qui ne pouvaient pas payer la rançon furent libérées sur ordre de Saladin et autorisées à quitter la ville. Saladin a ensuite libéré 1 000 autres captifs à la demande de Muzaffar al-Din Ibn Ali Kuchuk, qui a affirmé qu’ils venaient de sa ville natale d’Urfa. Afin de contrôler la population en partance, Saladin ordonne la fermeture des portes de la ville. À chaque porte de la ville, un commandant est placé pour contrôler le mouvement des croisés et s’assurer que seuls ceux qui ont payé la rançon quittent la ville. Saladin a ensuite confié à certains de ses officiers la tâche de s’assurer de l’arrivée en toute sécurité des croisés en terres chrétiennes. 15 000 de ceux qui n’ont pas pu payer la rançon ont été vendus comme esclaves. Selon Imad ad-Din al-Isfahani, 7 000 d’entre eux étaient des hommes et 8 000 des femmes et des enfants.

Sur les ordres de Saladin, les habitants rançonnés partirent en trois colonnes accompagnées de 50 cavaliers de l’armée de Saladin. Les Templiers et les Hospitaliers sont à la tête des deux premières, Balian et le Patriarche à la tête de la troisième. Balian rejoint sa femme et sa famille dans le comté de Tripoli. Les réfugiés atteignent d’abord Tyr, où seuls les hommes capables de se battre sont autorisés à entrer par Conrad de Montferrat. Les autres réfugiés se rendent dans le comté de Tripoli, qui est sous le contrôle des croisés. Ils se voient refuser l’entrée et sont dépouillés de leurs biens par des groupes de pilleurs de la ville. La plupart des réfugiés moins fortunés se rendent dans les territoires arméniens et antiochiens et parviennent plus tard à entrer à Antioche. Les autres réfugiés ont fui Ascalon pour Alexandrie, où ils ont été logés dans des palissades de fortune et ont reçu un traitement hospitalier de la part des fonctionnaires et des anciens de la ville. Ils embarquent ensuite sur des navires italiens qui arrivent de Pise, Gênes et Venise en mars 1188. Les capitaines des navires ont d’abord refusé de prendre les réfugiés, car ils n’étaient pas payés pour eux et n’avaient pas de provisions pour eux. Le gouverneur d’Alexandrie, qui avait auparavant pris les rames des navires pour le paiement des taxes, refusa d’accorder des permis de navigation aux capitaines jusqu’à ce qu’ils acceptent. Ces derniers acceptèrent alors d’emmener les réfugiés avec eux et on leur fit jurer un traitement décent et l’arrivée à bon port des réfugiés avant leur départ.

Après la reddition de la ville, Saladin ordonna la fermeture de l’église du Saint-Sépulcre pendant trois jours, le temps qu’il réfléchisse à ce qu’il devait en faire. Certains de ses conseillers lui conseillent de détruire l’église afin de mettre fin à tout intérêt chrétien pour Jérusalem. La plupart de ses conseillers, en revanche, lui ont conseillé d’épargner l’église, affirmant que les pèlerinages chrétiens se poursuivraient de toute façon en raison du caractère sacré du lieu. Ils lui ont également rappelé que le calife Umar avait permis que l’église reste aux mains des chrétiens après avoir conquis la ville. Saladin a finalement décidé de ne pas détruire l’église, affirmant qu’il n’avait pas l’intention de décourager les pèlerinages chrétiens sur le site ; elle a été rouverte au bout de trois jours sur ses ordres. Les pèlerins francs ont été autorisés à entrer dans l’église moyennant paiement d’un droit. Pour consolider les revendications musulmanes sur Jérusalem, de nombreux lieux saints, dont le sanctuaire connu sous le nom de mosquée Al-Aqsa, sont purifiés rituellement à l’eau de rose. Le mobilier chrétien a été retiré de la mosquée, qui a été recouverte de tapis orientaux. Ses murs ont été illuminés par des candélabres et des textes du Coran. Les chrétiens orthodoxes et syriaques sont autorisés à rester et à pratiquer leur culte comme ils l’entendent. Les coptes, auxquels le royaume des Croisés interdisait l’accès à Jérusalem car ils étaient considérés comme hérétiques et athées, ont été autorisés à entrer dans la ville sans payer de droits par Saladin, qui les considérait comme ses sujets. Les lieux de culte coptes qui avaient été occupés par les croisés ont été rendus aux prêtres coptes. Les coptes ont également été autorisés à visiter l’église du Saint-Sépulcre et d’autres sites chrétiens. Les chrétiens d’Abyssinie ont été autorisés à visiter les lieux saints de Jérusalem sans payer de droits.

L’empereur byzantin, Isaac Angelus, a envoyé un message à Saladin pour le féliciter de la prise de la ville, lui demandant de reconvertir toutes les églises de la ville à l’église orthodoxe et que toutes les cérémonies chrétiennes soient effectuées selon la liturgie grecque orthodoxe. Sa demande est acceptée et les droits des autres confessions sont préservés. Les chrétiens locaux sont autorisés à prier librement dans leurs églises et le contrôle des affaires chrétiennes est remis au patriarche œcuménique de Constantinople.

Saladin s’empare ensuite d’un certain nombre d’autres châteaux qui lui résistent encore, notamment Belvoir, Kerak et Montréal, et retourne à Tyr pour l’assiéger une seconde fois.

Pendant ce temps, la nouvelle de la désastreuse défaite de Hattin est apportée en Europe par Joscius, archevêque de Tyr, ainsi que par d’autres pèlerins et voyageurs, tandis que Saladin conquiert le reste du royaume tout au long de l’été 1187. Des plans sont immédiatement élaborés pour une nouvelle croisade ; le 29 octobre, le pape Grégoire VIII publie la bulle Audita tremendi, avant même d’apprendre la chute de Jérusalem. En Angleterre et en France, la dîme de Saladin est promulguée afin de financer les dépenses. La troisième croisade ne se met en route qu’en 1189, au sein de trois contingents distincts dirigés par Richard Ier d’Angleterre, Philippe II de France et Frédéric Ier, empereur du Saint Empire romain germanique.

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