Il existe sept principaux types d’imagerie dans la poésie. Les poètes créent de l’imagerie en utilisant des figures de style comme la simile (une comparaison directe entre deux choses) ; la métaphore (comparaison entre deux choses sans rapport qui partagent des caractéristiques communes) ; la personnification (donner des attributs humains à des choses non humaines) ; et l’onomatopée (un mot qui imite le son naturel d’une chose).

Voici les sept types d’imagerie en poésie, avec des exemples.

  • Imagerie visuelle. Dans cette forme d’imagerie poétique, le poète fait appel au sens de la vue du lecteur en décrivant quelque chose que le locuteur ou le narrateur du poème voit. Il peut s’agir de couleurs, de luminosité, de formes, de tailles et de motifs. Pour fournir aux lecteurs des images visuelles, les poètes utilisent souvent des métaphores, des simulations ou des personnifications dans leurs descriptions. Le poème classique de William Wordsworth de 1804 « I Wandered Lonely as a Cloud » en est un bon exemple :

I wandered lonely as a cloud
That floats on high o’er vales and hills,
When all at once I saw a crowd,
A host of golden daffodils;
Beside the lake, beneath the trees,
Fluttering and dancing in the breeze.

Dans ce poème, inspiré d’une promenade que Wordsworth a faite avec sa sœur, le poète utilise la simile pour comparer son errance solitaire au vol sans but d’un nuage. De plus, il personnifie les jonquilles, qui dansent comme un groupe d’humains délectables.

  • Imagerie auditive. Cette forme d’imagerie poétique fait appel au sens de l’ouïe ou du son du lecteur. Elle peut inclure la musique et d’autres sons agréables, des bruits durs ou le silence. En plus de décrire un son, le poète peut également utiliser un procédé sonore comme l’onomatopée, ou des mots qui imitent les sons, de sorte que la lecture du poème à haute voix recrée l’expérience auditive. Dans le court poème de 1820 de John Keats intitulé « To Autumn » – le dernier poème qu’il a écrit avant d’abandonner le métier parce que la poésie ne payait pas les factures – il conclut avec une imagerie auditive :

Où sont les chansons du printemps ? Ay, où sont-elles ?
Ne pense pas à eux, tu as ta musique aussi,
Alors que les nuages barrés fleurissent le jour doux et mourant,
Et touchent les plaines de chaume d’une teinte rosée;
Alors, dans un chœur gémissant, les petits moucherons se lamentent
Parmi les guêpes de rivière, portées en l’air
Ou coulant au gré du vent léger qui vit ou meurt ;
Et les agneaux adultes bêlent bruyamment du bourn des collines;
Les grillons des haies chantent ; et maintenant, avec des aigus doux
Le rouge-gorge siffle d’une cour de jardin;
Et les hirondelles rassembleuses gazouillent dans les cieux.

Keats personnifie l’automne comme s’il s’agissait d’un musicien ayant une chanson à chanter, puis crée une bande sonore audible à partir des sons que la faune environnante émet. Les moucherons forment un chœur gémissant, les agneaux bêlent, les grillons chantent, le rouge-gorge siffle et les hirondelles gazouillent – autant de sons marquant le passage du temps et l’avancée de l’hiver.

  • Imagination gustative. Dans cette forme d’imagerie poétique, le poète fait appel au sens du goût du lecteur en décrivant quelque chose que le locuteur ou le narrateur du poème goûte. Il peut s’agir d’un goût sucré, aigre, salé, savoureux ou épicé. Cette technique est particulièrement efficace lorsque le poète décrit un goût que le lecteur a déjà expérimenté et qu’il peut retrouver dans sa mémoire sensorielle. Dans le poème « This Compost » de 1856 de Walt Whitman, il utilise une imagerie gustative inquiétante :

O comment se peut-il que le sol lui-même ne soit pas malade ?
Comment pouvez-vous être vivants, vous les excroissances du printemps ?
Comment pouvez-vous fournir la santé, vous le sang des herbes, des racines, des vergers, des céréales ?
Ne mettent-ils pas continuellement en vous des cadavres distemper’d ?
Chaque continent n’est-il pas travaillé sans cesse par des morts aigres ?

Où avez-vous disposé de leurs carcasses ?
Ces ivrognes et gloutons de tant de générations ?
Où avez-vous retiré tout le liquide et la viande fétide ?
Je n’en vois pas sur vous aujourd’hui, ou peut-être suis-je trompé,
Je tracerai un sillon avec ma charrue, j’enfoncerai ma bêche dans la tourbe et la retournerai en dessous,
je suis sûr que j’exposerai une partie de cette viande immonde.

Whitman réfléchit au cycle de la vie et à la façon dont la Terre produit « des herbes, des racines, des vergers, des céréales » qui sont agréables tout en transformant en compost les nombreux cadavres humains enfouis partout sous le sol. Bien que la plupart des gens n’aient pas mangé de chair humaine, les « morts aigres » et « le liquide et la viande fétides » évoquent le goût de la viande pourrie

  • Imagerie tactile. Dans cette forme d’imagerie poétique, le poète fait appel au sens du toucher du lecteur en décrivant quelque chose que le locuteur du poème ressent sur son corps. Cela peut inclure la sensation des températures, des textures et d’autres sensations physiques. Par exemple, regardez le poème « Porphyria’s Lover » de Robert Browning (1836) :

Quand glissait Porphyria ; straight
She shut the cold out and the storm,
And kneeled and made the cheerless grate
Blaze up, and all the cottage warm

Browning utilise l’imagerie tactile du froid de la tempête, de la sensation lorsqu’une porte lui est fermée, et de l’embrasement du feu provenant d’une grille de fourneau pour décrire la chaleur du cottage.

  • Imagerie olfactive. Dans cette forme d’imagerie poétique, le poète fait appel à l’odorat du lecteur en décrivant quelque chose que le locuteur du poème inhale. Il peut s’agir de parfums agréables ou d’odeurs rebutantes. Dans son poème « Rain in Summer », H.W. Longfellow écrit :

Ils inhalent silencieusement
le coup de vent parfumé au trèfle,
et les vapeurs qui surgissent
du sol bien arrosé et fumant

Ici, L’utilisation de l’imagerie par Longfellow dans les mots « clover-scented gale » et « well-watered and smoking soil » peint une image claire dans l’esprit du lecteur sur les odeurs que le locuteur ressent après une pluie.

  • Imagination kinesthésique. Dans cette forme d’imagerie poétique, le poète fait appel au sens du mouvement du lecteur. Il peut s’agir de la sensation de vitesse dans un véhicule, d’une lente déambulation ou d’une secousse soudaine lors d’un arrêt, et cela peut s’appliquer au mouvement du locuteur/narrateur du poème ou des objets qui l’entourent. Par exemple, le poème « Leda and the Swan » de 1923 de W.B. Yeats commence par une imagerie kinesthésique :

Un coup soudain : les grandes ailes battent encore
Au-dessus de la jeune fille chancelante, ses cuisses caressées
Par les toiles sombres, sa nuque prise dans son bec,
Il tient son sein impuissant sur son sein.

Dans ce récit du viol de la jeune fille Léda par le dieu Zeus, issu de la mythologie grecque, les premiers vers traduisent la violence dans le mouvement des ailes  » battantes  » de l’oiseau, tandis que la  » titubation  » de Léda donne au lecteur le sentiment de sa désorientation face aux événements.

  • Image organique. Dans cette forme d’imagerie poétique, le poète communique des sensations internes comme la fatigue, la faim et la soif, ainsi que des émotions internes comme la peur, l’amour et le désespoir. Dans le poème « Birches » de Robert Frost, publié en 1916, il fait usage de l’imagerie organique :

J’étais moi-même autrefois un baladeur de bouleaux.
Et je rêve donc de redevenir tel.
C’est quand je suis las des considérations,
Et que la vie ressemble trop à un bois sans chemin

Dans ce moment poignant, Frost, qui a vu des bouleaux courbés et imaginé que le balancement ludique d’un garçon les a courbés, décrit des sentiments de fatigue et d’absence de but et une envie de revenir au jeu volontaire de la jeunesse.

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