Persévération : la continuation de quelque chose (comme la répétition d’un mot) habituellement à un degré exceptionnel ou au-delà d’un point désiré.
Toute personne qui vit avec une personne atteinte du X fragile est très familière avec cette continuation d’un mot ou d’une phrase répétée. Cette répétition peut être exaspérante lorsque vous en êtes le destinataire. À première vue, la persévération n’a pas de caractéristiques rédemptrices et sert simplement d’irritant, mais dans la vie d’une personne atteinte du syndrome du X fragile (SXF), elle peut être un atout précieux. Le verbiage persévérant accompagne souvent l’excitation et agit comme un tampon pour réduire l’anxiété. La répétition peut être réconfortante comme un mantra ou une chanson.
Comprendre la fonction de la persévération peut être mieux compris si l’on écoute ce qui est répété. Par exemple, lorsqu’un jeune enfant répète une phrase comme « Et puis ? » ou « Ensuite ? », il est facile de comprendre que la fonction est liée au besoin de savoir ce qui va suivre. Cette répétition continue sert de filet de sécurité pour assurer à l’enfant qu’aucune surprise ne l’attend et qu’il sera d’accord avec le plan.
Parfois, la persévération sert de moyen d’engager la conversation. Souvent, la conversation commence par une même phrase répétée sans vraiment écouter une réponse. La phrase persévérante peut être empruntée à une observation, une émission de télévision ou une vidéo. Ce type de mécanisme conversationnel est très différent du script ou de l’écho d’une phrase entendue dans une vidéo. La réponse écholalique est plus typique des personnes atteintes d’autisme (Murphy & Abbeduto, 2007).
Des phrases telles que » Ce n’est pas moi, c’est ta faute » ou » C’est ça » correspondent davantage aux modèles de discours des personnes atteintes du SXF. Ces phrases par cœur ouvrent ou maintiennent une conversation sans beaucoup de considération pour la conversation ou le sujet qui suit. De plus, comme la phrase peut devenir une marque de commerce de la personne qui l’utilise, la réponse de l’auditeur est prévisible, ce qui crée moins de stress social pour la personne atteinte du SXF.
Parfois, le verbiage répétitif crée la répétition d’une action ou d’une tâche. Par exemple, répéter les étapes d’une direction encore et encore tend à retenir l’information pour compenser les déficits de mémoire à court terme. L’utilisation de la parole persévérante peut améliorer le fonctionnement global et le fonctionnement exécutif.
Décoder la persévérance par la technique de la cloze
Comment quelqu’un peut-il » décoder » la communication persévérante pour comprendre ce que la personne atteinte du SXF tente de communiquer ? L’utilisation d’une stratégie de cloze pour terminer l’énoncé peut être utile.
Par exemple, parfois, lorsqu’une personne atteinte du SXF est particulièrement excitée, elle se souvient de certains aspects de l’expérience qui a provoqué l’hyper-excitation. Elle peut répéter quelque chose comme » Il a frappé ma jambe « , » Il a frappé » ou » Il a frappé et s’est mis en colère, en colère « .
Bien sûr, ce genre de conversation s’enlise lorsqu’on essaie de s’interroger sur ce qui s’est passé tout en triant les phrases répétées. Le fait d’enchaîner avec » Qui a frappé ? » ou » Que s’est-il passé ? » ou » Pourquoi t’a-t-il frappé ? » n’aboutit pas à grand-chose et risque d’engendrer davantage de frustration.
L’utilisation d’une phrase truquée telle que » Aujourd’hui à l’école, il t’a frappé et s’est mis en colère » va alors générer des commentaires supplémentaires tels que » Jim s’est mis en colère, Jim m’a frappé, s’est mis en colère et m’a frappé, a eu des problèmes, Jim a été méchant. »
Femmes atteintes du syndrome de l’X fragile
Les femmes atteintes du syndrome de l’X fragile peuvent également utiliser le discours persévératif, mais comme on pourrait s’y attendre, il sert un objectif différent. Des comptes rendus anecdotiques suggèrent que les femelles utilisent le discours persévérant pour souligner un point saillant ou pour marquer un aspect particulier d’une expérience. Par exemple, la persévération peut ne pas être répétée consécutivement mais plutôt apparaître plusieurs fois dans la conversation. Souvent, lorsqu’une femme atteinte du SXF communique une expérience particulièrement émotionnelle, elle peut intercaler un commentaire qu’elle répète plusieurs fois dans la conversation.
Un exemple serait :
Therapeur : Comment pensez-vous que votre séance avec David s’est déroulée ?
Client atteint du SXF : Il doit être sérieux et regarder les gens quand il parle.
Therapeur : Pensez-vous qu’il était peut-être trop émotif pour lever les yeux au ciel ? J’ai remarqué que d’autres personnes dans le groupe se sentaient désolées pour lui.
Client atteint du SXF : Il doit lever les yeux, il ne me regarde même pas.
Cette pensée persévérante interfère avec le flux conversationnel et le contenu mais indique clairement ce qui était le plus difficile dans leur interaction. La femme était incapable d’aller au-delà du fait que David ne la regardait pas pour comprendre la raison de son comportement. Cette réaction courante peut être redirigée en répétant le langage persévérant.
Dans l’exemple ci-dessus, le thérapeute pourrait dire quelque chose comme : » David était tellement bouleversé qu’il ne pouvait même pas vous regarder. Il était vraiment bouleversé et ne levait pas les yeux quand il vous parlait. » Cette conversation place le comportement dans un contexte qui utilise le langage féminin pour mieux comprendre l’interaction et surtout le contenu émotionnel.
Comprendre la fonction de la persévération exige que l’observateur regarde au-delà de la répétition monotone du verbiage pour savoir ce qui, dans l’environnement, incite à cette répétition excessive. Tout aussi important, l’observateur doit tenter d’extraire le sens de la persévération. Si vous prenez le temps d’écouter le discours persévérant en utilisant la méthode du « remplissage » ou de la cloze, vous pourriez découvrir qu’un comportement gênant deviendra utile dans la quête d’une meilleure compréhension de votre enfant.
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