Kwame Ture, le flamboyant leader des droits civiques connu de la plupart des Américains sous le nom de Stokely Carmichael, est mort dimanche à Conakry, en Guinée. Il avait 57 ans et on se souvient surtout de son utilisation de l’expression « pouvoir des Noirs », qui, au milieu des années 1960, a déclenché une réaction négative des Blancs et alarmé une ancienne génération de leaders des droits civiques, dont le révérend Martin Luther King Jr.

La cause du décès est un cancer de la prostate. Ture a dit un jour que son cancer « m’a été donné par les forces de l’impérialisme américain et d’autres qui ont conspiré avec elles ».Bien que sa participation active à la lutte pour les droits civiques ait duré à peine une décennie, Stokely Carmichael était une figure charismatique dans une période turbulente, où la violence réelle et la rhétorique se sont intensifiées des deux côtés de la ligne de couleur.

Après avoir obtenu une licence en philosophie à Howard en 1964, il a rejoint le Student Nonviolent Coordinating Committee. C’était « l’été de la liberté », l’année où le SNCC (prononcé populairement « snick ») envoyait des centaines de volontaires noirs et blancs dans le Sud pour enseigner, mettre en place des cliniques et enregistrer les Noirs du Sud privés de leurs droits.

Le jeune Carmichael – grand, mince, beau et orateur dynamique – était radicalisé par ses expériences de travail dans le Sud ségrégué, où des manifestants pacifiques étaient battus, brutalisés et parfois tués pour avoir demandé les droits ordinaires des citoyens.

Son impatience croissante à l’égard des tactiques de résistance passive gagnait du terrain, et à seulement 25 ans, il lança l’appel au pouvoir noir, qu’il décrivait comme un « appel pour que les Noirs définissent leurs propres objectifs, dirigent leurs propres organisations. »

« Le pouvoir noir ! » signalait un carrefour dans la lutte pour les droits civiques et fut bientôt répercuté dans les communautés d’Oakland, en Californie, à Newark, N.J. Mais si l’appel de Carmichael galvanisait de nombreux jeunes Noirs, il en troublait d’autres, qui trouvaient qu’il sonnait anti-blanc, provocateur et violent. Et il a fait naître la peur chez de nombreux Blancs.

En 1966 et 1967, Carmichael donne des conférences sur les campus des États-Unis et voyage dans des pays comme le Nord-Vietnam, la Chine et Cuba.

En 1967, un SNCC en déclin rompt tous les liens avec lui. Il s’installe en Guinée, en Afrique de l’Ouest, en 1969.

L’histoire de Carmichael est une histoire d’amour.

Catégories : Articles

0 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *