En 1857, la reine Victoria choisit Ottawa pour devenir la nouvelle capitale du Canada. Pourquoi une obscure ville forestière, parfois sans foi ni loi, a-t-elle été choisie ? Parce qu’elle se trouvait juste à la frontière entre le Canada-Est et le Canada-Ouest, et qu’elle représentait un compromis politique pratique entre les candidats les plus probables, Toronto et Montréal. Madison, dans le Wisconsin, et Tallahassee, en Floride, ont été choisies comme capitales des États américains pour les mêmes trois raisons : l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement. Mais toutes les capitales ne se trouvent pas au beau milieu de leur territoire. Voici le cas le plus bizarre de tous : le pays dont la capitale se trouvait en dehors de ses propres frontières !
Dans l’Afrique du XIXe siècle, les colons britanniques combattent le Boer-dom.
Dans les années 1880, toutes les grandes puissances européennes se bousculaient pour obtenir une tranche d’Afrique. Les Britanniques contrôlaient la colonie du Cap à l’extrémité sud de la colonie (Afrique du Sud et Namibie actuelles), mais le veldt au nord était un no man’s land faiblement peuplé. La tribu des Tswana y est en proie à des escarmouches avec les tribus Ndebele de l’ouest ainsi qu’avec les fermiers Boer du sud-est. Avec l’aide de missionnaires britanniques, les Tswanas ont fait appel à la Couronne pour obtenir une protection et, en 1885, la Grande-Bretagne y a créé un nouveau territoire : le protectorat de Bechuanaland.
Bechuanaland était un pays nouveau-né sans capitale.
Un « protectorat » est, du moins en théorie, un pays autonome sous la protection d’un État plus important. Et en effet – pour quelques années au moins – les Britanniques ont laissé les chefs tswanas aux commandes. Mais la Grande-Bretagne a un problème administratif : elle n’a pas d’avant-postes dans son nouveau territoire. Même Gaborone, aujourd’hui la plus grande ville de la région, était un minuscule village tribal jusqu’à ce que Cecil Rhodes y établisse un fort en 1890. Alors, quelle allait être la capitale du nouveau « pays » de Bechuanaland ?
Mafeking a été le lieu de naissance des scouts.
La Grande-Bretagne a fini par gouverner le protectorat de Bechuanaland depuis la réserve impériale, un fort dans la ville de Mafeking. En quelques années, Mafeking était une colonie britannique animée avec trois églises protestantes, un hôtel, un terrain de cricket et un hippodrome. Elle a également résisté à un siège de 217 jours pendant la deuxième guerre des Boers, qui s’est soldé par une victoire décisive d’un jeune colonel britannique nommé Robert Baden-Powell. Pendant le siège, Baden-Powell a utilisé un corps de cadets composé d’adolescents pour aider les troupes, une tactique réussie qui l’a inspiré pour créer le mouvement scout mondial une décennie plus tard.
Il a fallu près d’un siècle pour que la capitale du Bechuanaland revienne au pays.
Gouverner le Bechuanaland depuis la réserve impériale de Mafeking avait peut-être un sens administratif, mais pas géographique : Mafeking était situé à dix miles au sud de la frontière, bien en dehors du « protectorat » dont il était censé être la capitale. Pendant les 80 années suivantes, le Bechauanaland est resté sur les cartes du monde, avec sa capitale de l’autre côté de la frontière, en Afrique du Sud ! La capitale a finalement été transférée à Gaborone en 1965, au moment où le Bechuanaland était sur le point de devenir indépendant en tant que nouvelle République du Botswana.
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