BIBLIOGRAPHIE

Les guerres napoléoniennes (1803-1815) ont opposé l’empereur français Napoléon Bonaparte (Napoléon Ier ; 1769-1821) aux puissances européennes que sont la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Russie et la Prusse. En fin de compte, les guerres se sont étendues à tous les coins du continent européen, affectant profondément la politique, la société et la culture européennes. Les guerres englobent huit campagnes militaires distinctes, divisées en trois grandes périodes : 1803 à 1807, l’ascension du pouvoir napoléonien en Europe ; 1807 à 1812, l’apogée du Grand Empire de Napoléon ; et 1812 à 1815, le déclin et la chute de l’empire de Napoléon.

Napoléon devient le souverain de la France en novembre 1799 lorsqu’il participe à un coup d’État, renversant le Directoire. Il hérite immédiatement de la guerre de la Seconde Coalition, la dernière des guerres de la Révolution française. Quelques mois après son arrivée au pouvoir, il déclare la fin de la Révolution française et vainc la Seconde Coalition menée par l’Autriche et l’Angleterre. Napoléon conclut la paix de Lunéville avec l’Autriche en 1801. Il crée des républiques satellites en Italie (les républiques cispadane et cisalpine) en 1796 et 1797, mais les consolide dans la République italienne en 1802. L’Angleterre signe la paix d’Amiens en 1802 après avoir perdu ses alliés continentaux. Cette paix était un expédient, et ni la Grande-Bretagne ni Napoléon ne se faisaient confiance. En mai 1803, la Grande-Bretagne déclare la guerre à la France, inaugurant les guerres napoléoniennes.

En janvier 1805, l’Espagne rejoint la France dans une alliance anti-britannique. Napoléon prépare une force d’invasion qui sera transportée et protégée par une flotte combinée franco-espagnole. La Grande-Bretagne cherche des alliés pour lier les Français au continent. À l’été 1805, l’Angleterre, la Russie et l’Autriche forment une Troisième Coalition contre la France. Les politiques de Napoléon en Allemagne et en Italie avant 1805 ont aliéné l’Autriche et la Russie, ce qui a mené à la formation de la Troisième Coalition en juillet 1805. Napoléon, cependant, tire parti de ses relations favorables avec les princes d’Allemagne pour obtenir leur soutien contre l’Autriche. La campagne de 1805 est la plus réussie de Napoléon. En octobre, il remporte une victoire spectaculaire sur l’armée autrichienne à Ulm, en Bavière. Napoléon envahit l’Autriche et prend Vienne à la fin du mois de novembre. À Austerlitz, le 2 décembre 1805, Napoléon bat sèchement l’armée combinée russo-autrichienne, sous les yeux du tsar Alexandre Ier et de l’empereur François Ier.

La victoire sur la troisième coalition permet à Napoléon de modifier en profondeur la carte de l’Europe. Le Saint-Empire romain germanique (Allemagne) est aboli à l’été 1806 et remplacé par la Confédération du Rhin, dont la France est le protecteur. L’Autriche et la Prusse sont exclues de cette nouvelle entité allemande. Le nombre de territoires allemands est considérablement réduit par la sécularisation et la médiatisation, passant de 120 à 37. La République italienne, royaume après 1804, annexe la Vénétie, doublant presque sa taille.

En février 1806, une armée française occupe le royaume des Deux-Siciles, donnant à Napoléon la totalité de la péninsule. Il isole ensuite la Grande-Bretagne en instaurant un blocus économique concrétisé par les décrets de Milan et de Berlin, souvent appelé  » système continental « .

Les tensions entre la Prusse et la France culminent en septembre 1806 lors de la deuxième campagne des guerres napoléoniennes. L’armée prussienne est détruite lors de deux batailles, Iéna et Auerstadt (14 octobre 1806), et le royaume est envahi. L’arrivée tardive d’une armée russe en Pologne prolonge la guerre pendant l’hiver et le printemps 1807. Napoléon fait match nul avec les Russes à Eylau en février, mais les bat de façon décisive en juin à Friedland. La victoire sur la Russie achève pratiquement la conquête de l’Europe par Napoléon. Le tsar Alexandre Ier rencontre l’empereur français à Tilsit et accepte une alliance continentale.

Peu après Tilsit, Napoléon autorise l’invasion du Portugal, un allié britannique. Le soutien espagnol aux entreprises de Napoléon est tiède après la destruction de sa flotte à Trafalgar en octobre 1805. Le roi d’Espagne, Carlos IV, et son premier ministre, Manuel de Godoy, veulent se dégager de l’alliance française. Napoléon se méfie des Espagnols et, au printemps 1808, renverse la monarchie espagnole et occupe l’Espagne. Il place son frère aîné Joseph sur le trône, ce qui suscite une énorme résistance populaire. Les Espagnols craignent l’anticléricalisme révolutionnaire de la France et l’imposition d’un roi étranger. La résistance militaire espagnole formelle fait place à une guérilla qui se poursuit jusqu’en 1814. Napoléon conduit une seconde armée en Espagne en octobre 1808, rétablissant le contrôle français, mais le Portugal a été perdu au profit des Britanniques plus tôt dans l’année. Napoléon maintient plus de 250 000 soldats français et alliés dans la péninsule ibérique pendant les quatre années suivantes. La guerre péninsulaire immobilise les ressources militaires et fournit à la Grande-Bretagne un théâtre de guerre sur le continent européen.

L’armée britannique au Portugal en 1809 est dirigée par le général Arthur Wellesley, qui deviendra plus tard le duc de Wellington. Il utilise le petit royaume pour mener des opérations offensives en Espagne, et joue au « chat et à la souris » avec le roi Joseph et l’armée française jusqu’en 1810. La puissance militaire française, immobilisée par les guérillas espagnoles, est insuffisante pour reprendre le Portugal. En 1812, alors que Napoléon envahit la Russie, Wellington lance une invasion de l’Espagne soutenue par les Portugais et les Espagnols. Entre 1812 et 1813, Joseph et l’armée impériale française sont repoussés vers les Pyrénées, et en 1814, Wellington traverse le sud de la France, mettant finalement fin à la guerre péninsulaire.

Napoléon revient à Paris en janvier 1809 pour faire face à une nouvelle menace de l’Autriche. Les Autrichiens pensaient qu’avec Napoléon occupé en Espagne, ils étaient en bonne position pour reprendre le contrôle des États allemands et italiens. En avril 1809, les armées autrichiennes envahissent la Confédération du Rhin, le Royaume d’Italie et le Grand-Duché de Varsovie, l’État satellite napoléonien de la Pologne. L’habileté militaire de Napoléon, mais surtout la force de ses alliances avec les princes allemands et la Russie, lui permettent de vaincre l’Autriche. À la mi-mai, Napoléon siège à Vienne. Bien qu’il soit repoussé à Aspern-Essling, il attaque à nouveau en juillet et bat l’archiduc Charles à Wagram.

Napoléon étend les frontières de la France impériale en 1810 pour inclure la Hollande, le nord-ouest de l’Allemagne, la Toscane et les États pontificaux. L’expansion de l’imperium entraîne une confrontation avec le tsar Alexandre Ier de Russie. En juin 1812, Napoléon envahit la Russie avec une armée impériale française de 500 000 hommes. Fin septembre, Napoléon a vaincu les Russes à Borodino et capturé Moscou. Le tsar Alexandre et ses généraux évacuent la capitale et se retirent à l’est de la ville, refusant de se rendre ou de négocier. Napoléon se retire de Moscou à la mi-octobre, sans perspective de victoire claire. Au cours de l’avancée et de la retraite, son armée a beaucoup plus souffert des désertions et des maladies que des pertes au combat. En décembre, l’armée qui retourne en Europe centrale n’est plus que de 120 000 hommes. L’énormité des pertes françaises incite le tsar Alexandre à poursuivre la traque et à libérer l’Europe. En mars 1813, Frédéric Guillaume III, le roi de Prusse, rejoint la coalition contre la France.

Napoléon avait reconstruit l’armée française au printemps 1813 et battu les Russes et les Prussiens à Lutzen et Bautzen en Saxe. Toutes les parties acceptent un armistice temporaire jusqu’à l’été. Pendant ce temps, l’Autriche rejoint la coalition contre la France. L’armistice expire en août, et Napoléon se retrouve attaqué de trois côtés : la Prusse, la Pologne et l’Autriche. Les princes allemands font défection de leurs alliances françaises et, en octobre, Napoléon est solidement battu à Leipzig, ce qui le contraint à abandonner l’Allemagne.

Les forces prussiennes traversent le Rhin à la fin du mois de décembre. Les armées de la coalition se déplacent en France depuis l’Espagne, l’Allemagne et la Belgique. Napoléon tient d’abord les Prussiens et les Russes en échec, mais il est finalement dépassé par le nombre. Napoléon abdique en avril 1814 et s’exile sur l’île d’Elbe. Louis XVIII, le frère de l’ancien roi de France, est rétabli sur le trône.

Napoléon revient en France en février 1815 et est accueilli par l’armée et la population française, qui a perdu le goût des rois. La coalition, réunie à Vienne, s’engage à sa défaite totale. Napoléon rassemble une armée et envahit la Belgique. En juin 1815, il est vaincu à Waterloo par les armées britannique et prussienne. Il abdique une seconde fois et est fait prisonnier par les Anglais. L’ancien empereur des Français passa les derniers jours de sa vie sur l’île de Sainte-Hélène, dans l’Atlantique sud. Il meurt en 1821.

Les guerres napoléoniennes ont transformé le continent européen, remodelant les frontières de l’Allemagne et de l’Italie. Napoléon a volontairement encouragé le nationalisme italien afin de renforcer ses États satellites, mais en Allemagne et en Espagne, le nationalisme est apparu en réaction à l’occupation militaire française. Le libéralisme, le désir d’un gouvernement constitutionnel, se manifeste également en Europe occidentale et centrale. Les guerres napoléoniennes ont également conduit à la création d’un système international européen établi au Congrès de Vienne (1814-1815), qui reposait sur les principes de l’équilibre des forces et de la compensation territoriale. Le système du congrès appelait les pouvoirs monarchiques à réprimer les révolutions afin d’éviter une nouvelle crise comme celle qui avait touché l’Europe pendant les vingt-cinq années précédentes.

Voir aussi Frontières ; Constitutions ; Empire ; Impérialisme ; Libéralisme ; Monarchie ; Monarchie, constitutionnelle ; Napoléon Bonaparte ; Nationalisme et nationalité ; Révolution ; Guerre

BIBLIOGRAPHIE

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Frederick C. Schneid

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