Lors de sa 32e session, (Québec, 2009), le Comité du patrimoine mondial a réitéré sa demande à l’État partie de revoir la conception de l’avenue des sphinx et de ses environs et d’abandonner le projet de construction d’un débarcadère pour les bateaux de croisière touristique sur la rive occidentale du Nil, près du nouveau pont, et de limiter tous ces aménagements à la rive orientale. En outre, le Comité a réitéré sa demande à l’Etat partie de préparer et/ou de finaliser les plans de gestion pour Karnak, Louxor et la rive occidentale et d’intégrer ces plans dans un plan de gestion global et coordonné, comprenant un plan de conservation et une stratégie de contrôle du tourisme. Il a également demandé à l’Etat partie d’établir un mécanisme officiel de coordination sous la responsabilité du Conseil suprême des Antiquités entre ce dernier, le Conseil suprême de Louxor, les équipes scientifiques internationales et les autres parties prenantes concernées, et de tenir des consultations régulières avant l’approbation et le lancement de projets affectant le bien et sa zone tampon. Le Comité a invité l’État partie à renforcer les efforts pour restaurer le nouveau village de Gurnah d’Hassan Fathy et à transmettre tous les projets liés au village avant leur approbation pour examen par le Comité du patrimoine mondial.

L’État partie a soumis son rapport sur l’état de conservation le 5 février 2009. Le rapport de l’État partie ne fait pas référence aux demandes formulées par le Comité lors de ses 31e et 32e sessions, mais est plutôt organisé de manière à décrire les activités et initiatives récentes qui ont lieu sur le bien. Le rapport décrit les travaux généraux accomplis dans diverses zones du bien, les questions relatives à l’utilisation du territoire du temple de Louxor, des villages de Gurnah, du village de Hassan Fathy, du système de transport, des menaces et des risques de haut niveau dans la région de Thèbes, et les priorités de l’État partie dans Thèbes Ouest. Les principaux points abordés dans le rapport de l’État partie sont les suivants :

a) les efforts actuels du Conseil suprême de Louxor pour relocaliser les habitants du village d’Al Hassasna « campés pratiquement dans la zone archéologique au nord du temple de Karnak depuis des centaines d’années » afin de révéler des preuves importantes re l’utilisation de Karnak au deuxième siècle avant JC ;

b) Suite au désengagement de la zone devant le temple de Karnak de l’utilisation actuelle, afin de restaurer la connexion traditionnelle avec le Nil, remplacement du point d’entrée actuel du temple de Karnak par un centre de visiteurs moderne et démolition des structures associées au dernier siècle de fouilles ; à l’exception d’une structure témoin;

c) l’aménagement de l’avenue des sphinx pour relier les temples de Karnak et de Louxor, recréant l’ancienne avenue processionnelle, au détriment de nombreuses structures actuellement en place, notamment des résidences, une mosquée et une église orthodoxe. Le rapport de l’État partie note que  » l’Égypte, toujours dans la même optique de gestion du site, considère qu’il est obligatoire de débloquer cette section de l’itinéraire et de reconstituer l’axe processionnel de l’époque pharaonique « . Le rapport reconnaît que toutes les visites de suivi récentes se sont opposées à cette approche ;

d) le déplacement de la route de la corniche vers le Temple de Louxor nécessitant la récupération de plusieurs  » mètres  » de structures existantes (le Musée de Louxor, et la Maison de Chicago) ;

e) l’examen d’une nouvelle Marina pour bateaux touristiques sur la rive ouest du Nil, proposée par le Conseil de Louxor, et qui, sans un développement et une gestion prudents, pourrait devenir le noyau d’un nouveau développement touristique menaçant la valeur de patrimoine mondial du bien ;

f) les efforts déployés depuis 2007 pour revitaliser et restaurer le célèbre village vernaculaire moderne de Hassan Fathy;

g) les problèmes physiques actuels qui mettent à mal le bien, notamment les modifications de la nappe phréatique, l’instabilité géologique de la Vallée des Rois et les pluies torrentielles de plus en plus menaçantes. Le rapport décrit des approches proactives pour améliorer la conservation des tombes et des temples thébains.

Une mission conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS a eu lieu du8 au12 mai 2009.La mission a eu un dialogue très constructif avec les autorités locales sur les projets urbains en cours. La mission a considéré que ces projets permettront d’éliminer les principaux facteurs de risque environnemental et de pollution du centre ville, en rétablissant la vue sur les temples de Louxor depuis le fleuve, et en améliorant le front urbain de la Corniche le long du Nil. Les suggestions sur la mise en œuvre des phases suivantes des interventions ont été acceptées ainsi que le développement d’une proposition de projet pour la sauvegarde du village Hassan Fathy New Gurnah. Les principales recommandations de la mission sont les suivantes :

a) Le projet de la Corniche

La mission a estimé qu’il était important d’éviter tout élargissement de la route carrossable à deux voies le long de la rive, d’aménager la rive existante en promenade, et d’étudier plus avant les conditions spécifiques du site sur toute sa longueur, afin de s’assurer que le traitement proposé correspond aux besoins visuels et techniques, devant les temples de Karnak et de Louxor. En particulier, les travaux prévus donneront l’occasion de trouver des solutions plus appropriées aux problèmes techniques, comme les murs de soutènement en béton existants au niveau du temple de Louxor qui, empêchant le drainage naturel des eaux souterraines vers la rivière, représentent un danger pour la conservation du site.

b) L’avenue des sphinx

La mission a noté que la démolition des maisons le long de l’avenue des sphinx prévue a été effectuée sans évaluation objective de l’importance, et qu’il était important de maintenir des connexions entre toutes les couches architecturales de la ville. La mission a fortement recommandé le maintien d’un certain nombre de bâtiments intéressants, dont un minaret et une église, alors que le principal tissu urbain du quartier à éliminer ne présente aucune valeur patrimoniale. Au contraire, les éléments physiques et socioculturels du quartier sont totalement dégradés. Un plan d’ensemble révisé pour le schéma de l’avenue doit être élaboré, exposant l’ensemble de la justification/vision et les preuves sur lesquelles elle est fondée, ainsi qu’une approche pluridisciplinaire.

c) Le projet de Marina

La mission tout en étant satisfaite de la justification des plans de relocalisation de l’embarcadère des bateaux sur la rive ouest du fleuve a reconnu que ce plan pourrait, s’il n’est pas contraint, favoriser un nouveau développement urbain et touristique indésirable sur la rive ouest. A cette fin, la mission a recommandé d’établir une zone tampon pour le bien du patrimoine mondial sur la rive ouest du fleuve, afin de protéger le bien d’un développement excessif de la marina.

d) Le nouveau village de Gurnah de Hassan Fathy.

La mission a recommandé d’arrêter les activités de construction en cours à l’intérieur de la zone du village, d’établir immédiatement des mesures de protection pour la sauvegarde des bâtiments existants, et d’établir une zone tampon liée au plan original du village, pour contrôler les transformations indésirables. La mission a en outre recommandé de lancer des études appropriées pour examiner comment le Nouveau Gurnah pourrait être lié formellement aux attributs de la valeur universelle exceptionnelle du bien.

Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives restent préoccupés par le fait que l’approche de la réhabilitation à long terme du site jusqu’à présent – nettoyer le site des structures historiques et contemporaines et des couches étrangères à la période pharaonique – présente un manque de précision historique et un impact négatif potentiel sur le contexte culturel et l’intégrité du bien.

Toutefois, tout en appréciant le désir de l’État partie de présenter le bien d’une manière visuellement spectaculaire, ils recommandent fortement qu’avant que le nettoyage de ces couches de patrimoine ultérieur ne soit achevé, l’État partie organise une consultation internationale afin de concevoir les projets et plans qui pourraient mettre en valeur et présenter la valeur universelle exceptionnelle du bien. Le Centre du patrimoine mondial et les organisations consultatives seraient très heureux de soutenir un tel événement.

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