L’érythropoïétine (EPO), une glycoprotéine (~30 400 daltons) produite principalement par le rein, est le principal facteur de régulation de la production de globules rouges (érythropoïèse) chez les mammifères.3 La production rénale est régulée par les changements de la disponibilité en oxygène. Normalement, les niveaux d’EPO varient inversement à l’hématocrite. Dans des conditions d’hypoxie, le taux d’EPO dans la circulation augmente, entraînant une production accrue de globules rouges. À l’inverse, un hématocrite élevé devrait supprimer la libération d’EPO.

La surexpression de l’EPO peut être associée à certaines conditions physiopathologiques.4 La polyglobulie primaire (polycythemia vera) est un trouble sanguin néoplasique (clonal) caractérisé par une production autonome, indépendante de l’EPO, de progéniteurs érythrocytaires à partir d’une souche anormale de la moelle osseuse5. La majorité des cas de polyglobulie vera sont causés par des mutations oncogènes qui activent de manière constitutive la voie de transduction du signal JAKSTAT, telles que JAK2V617F, ou des mutations de l’exon 12 ou des mutations LNK. Dans la plupart des cas, on constate une diminution des taux d’EPO dans le sérum des patients atteints.5 Inversement, divers types de polyglobulies secondaires sont associés à la production de taux élevés d’EPO.5-8 La surproduction d’EPO peut être une réponse adaptative associée à des conditions qui produisent une hypoxie tissulaire, comme le fait de vivre en haute altitude, une maladie pulmonaire obstructive chronique, une cardiopathie cyanosante, l’apnée du sommeil, une hémoglobinopathie à haute affinité pour l’oxygène, le tabagisme ou une hypoxie rénale localisée. Dans d’autres cas, les taux élevés d’EPO sont le résultat d’une production par des cellules néoplasiques. Les tumeurs qui ont été associées à une production inappropriée d’EPO comprennent les hémangioblastomes cérébelleux, les léiomyomes utérins, le phéochromocytome, le carcinome rénal, le carcinome hépatocellulaire, les adénomes parathyroïdiens et les méningiomes6.

Une production déficiente d’EPO est constatée en conjonction avec certaines formes d’anémie.9,10 Il s’agit notamment de l’anémie de l’insuffisance rénale, de l’insuffisance rénale terminale11, de l’hypothyroïdie et de la malnutrition. Les taux d’EPO sont souvent mesurés chez les patients atteints d’une maladie rénale chronique afin d’évaluer la capacité continue des reins à produire de l’érythropoïétine. Les anémies dues à une maladie chronique (infections chroniques, maladies auto-immunes, polyarthrite rhumatoïde, SIDA, tumeurs malignes), sont caractérisées par une réponse émoussée des progéniteurs érythroïdes à l’EPO. D’autres formes d’anémie peuvent être associées à des causes indépendantes de l’EPO, et les individus affectés présentent des taux élevés d’EPO. Ces formes comprennent les anémies aplasiques, les anémies ferriprives, la thalassémie, les anémies mégaloblastiques, les aplasies érythrocytaires pures et les syndromes myélodysplasiques12.

L’EPO humaine recombinante (rhEPO) est administrée cliniquement pour stimuler la production de globules rouges chez les patients souffrant d’une maladie rénale chronique, les patients infectés par le VIH traités à la zidovudine, les patients subissant un traitement de chimiothérapie myélosuppressive et d’autres patients anémiques (comme alternative à la transfusion sanguine.)13,14 Plusieurs chercheurs ont signalé que chez les patients cancéreux traités par chimiothérapie, des taux d’EPO de base supérieurs à 500 mUI/mL prédisent l’absence de réponse au traitement par EPO. Les taux d’érythropoïétine sérique endogène sont mesurés comme critère de qualification pour le traitement de l’anémie par rhEPO chez les patients infectés par le VIH prenant de la zidovudine.13

Les taux d’érythropoïétine avant transfusion ont également été utilisés pour prédire les patients atteints de syndromes myélodysplasiques susceptibles de répondre au traitement par rhEPO.12,15 La rhEPO est utilisée par certains athlètes comme un médicament améliorant les performances dans le but d’augmenter l’endurance et la capacité en oxygène en augmentant le nombre de globules rouges.16 Cette utilisation inappropriée du médicament peut avoir des conséquences cliniques néfastes en raison de l’hypertension et de l’augmentation de la viscosité du sang. Son utilisation a été interdite par la plupart des organisations sportives.

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