L’amnésie psychogène, également appelée amnésie fonctionnelle ou amnésie dissociative, est un trouble caractérisé par un fonctionnement anormal de la mémoire en l’absence de lésions cérébrales structurelles ou d’une cause neurobiologique connue. Elle résulte des effets d’un stress sévère ou d’un traumatisme psychologique sur le cerveau, plutôt que d’une cause physique ou physiologique. Il est souvent considéré comme équivalent à l’état clinique connu sous le nom de syndrome de la mémoire refoulée.
Le saviez-vous ?
Les expériences « lost in the mall » d’Elizabeth Loftus, qui font partie de ses recherches révolutionnaires sur la confabulation, ont montré qu’au moins 25 % des participants prétendaient être capables de se souvenir, et même d’embellir, des événements supposés de leur enfance qui n’ont jamais eu lieu en réalité.
Il convient également de noter que certains patients atteints du syndrome de la mémoire refoulée affirment avoir eu de faux souvenirs d’abus sexuels dans leur enfance suggérés ou poussés par leurs psychothérapeutes.
Par exemple, il a été démontré que certains psychiatres avaient une quantité démesurée de patients présentant le même type de mémoire refoulée (par exemple, de nombreux patients d’un psychiatre avaient été enlevés par des extraterrestres, ceux d’un autre avaient tous été molestés, etc.).
De même, la récupération de la mémoire qui a été dirigée par les rêves ou l’hypnose est également notoirement peu fiable.
Il existe deux grands types d’amnésie psychogène : l’amnésie globale et l’amnésie spécifique à une situation. L’amnésie globale, également connue sous le nom d’état de fugue, fait référence à une perte soudaine de l’identité personnelle qui dure quelques heures ou quelques jours, souvent accompagnée d’un stress ou d’une dépression grave et impliquant souvent des périodes prolongées d’errance et de confusion. Il s’agit d’un phénomène très rare, qui se résorbe généralement avec le temps (bien que le souvenir de l’épisode de fugue lui-même puisse rester perdu), souvent aidé par une thérapie. L’amnésie spécifique à une situation est un type d’amnésie psychogène qui survient à la suite d’un événement très stressant, dans le cadre du syndrome de stress post-traumatique.
Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) est un trouble anxieux sévère
qui peut se développer après l’exposition à tout événement qui
entraîne un traumatisme psychologique, lequel se manifeste par une
ré-expérience constante du traumatisme initial par des flashbacks ou des cauchemars et par l’évitement de tout stimulus associé au traumatisme, ainsi que par une augmentation de l’excitation (comme la difficulté à s’endormir ou à rester endormi, la colère et l’hypervigilance).
Il est le plus souvent associé à des événements traumatiques ou à des expériences violentes impliquant un choc émotionnel, comme le fait d’être agressé ou violé ou d’être impliqué dans un accident de voiture. Les personnes présentant un risque accru sont celles qui ont été abusées sexuellement ou physiquement pendant l’enfance, celles qui ont subi des violences domestiques, des catastrophes naturelles, des actes terroristes, etc…, les soldats qui ont vécu des combats, et essentiellement toute personne ayant subi un stress psychologique suffisamment grave, un conflit interne ou une situation de vie intolérable.
La psychologie freudienne suggère que l’amnésie psychogène est un acte d’autoconservation, alors que l’alternative pourrait être une anxiété écrasante ou même le suicide. Les souvenirs désagréables, non désirés ou psychologiquement dangereux sont refoulés ou empêchés de pénétrer dans la conscience, comme une sorte d’autocensure subconsciente, mais ils restent dans l’inconscient. Sur le plan neurologique, le traitement normal de la mémoire autobiographique est bloqué par un déséquilibre des hormones de stress telles que les glucocorticoïdes et les minéralocorticoïdes dans le cerveau, en particulier dans les régions du système limbique impliquées dans le traitement de la mémoire.
Ces souvenirs refoulés peuvent être retrouvés spontanément, des années ou des décennies après l’événement, déclenchés par une odeur, un goût ou d’autres identifiants particuliers. Parce qu’elle est due à des causes psychologiques plutôt que physiologiques, l’amnésie psychogène peut aussi parfois être aidée par une thérapie. Les souvenirs refoulés peuvent être accessibles par la psychothérapie, l’hypnotisme ou d’autres techniques, bien qu’il soit souvent difficile de distinguer un vrai souvenir refoulé d’un faux sans preuve corroborante.
Les personnes qui souffrent d’amnésie psychogène ont tendance à perdre leurs souvenirs biographiques ou épisodiques (au point de ne même pas pouvoir se souvenir de leurs propres noms et adresses), en particulier des événements qui ont précédé l’événement déclencheur, mais conservent généralement leurs souvenirs sémantiques et procéduraux, ainsi que la capacité de créer de nouveaux souvenirs. Les épisodes d’amnésie psychogène peuvent durer de quelques heures à plusieurs jours, voire des mois, bien que les cas graves soient très rares.
La mémorisation et la réimpression constantes des événements traumatiques font qu’ils sont renforcés et re-consolidés au fil du temps et que le souvenir est si fort et réaliste qu’il est encodé presque comme un nouvel événement actuel à chaque fois, plutôt que comme un ancien souvenir. Les souvenirs doivent donc être « reclassés » à leur place (dans le passé) et les progrès récents dans la compréhension de la neuroplasticité (la capacité du cerveau à se recâbler et à se reconfigurer) ont conduit à des traitements prometteurs. Un exemple est l’utilisation de bêtabloquants, comme le propranolol, pendant la lecture répétée d’un récit détaillé de l’événement traumatique, bloquant ainsi chimiquement les neurones de sorte que, avec le temps, le récit devient juste une autre histoire sans les anciennes associations personnelles traumatiques.
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